Cette communication propose d’étudier le travail de Jean Gottmann sur la conurbation nord-est des Etats-Unis, la Megalopolis (1961), à la lumière des photographies prises par l’auteur dans les années 1950 et 1960. Ces photographies récemment découvertes à la BNF constituent une source inédite. Etudiées pour elles-mêmes et à la lumière d’archives, elles nous permettent d’entrer dans la fabrication de cette œuvre phare de la géographie urbaine du XXe siècle. Il s’agit d’analyser la pratique photographique de Jean Gottmann sur le terrain et le rôle de ce corpus de photographies non publié dans la conduite de l’étude Megalopolis.
Par hypothèse, ce corpus a constitué le rôle d’un carnet de terrain, une trace à la fois sensible et réflexive vis-à-vis d’une réalité urbaine hybride et complexe à appréhender. Comment penser ensemble l’étalement urbain, la forêt, l’agriculture et l’industrie ? Les black lands font elles partie de la Megalopolis ? L’étude des archives montre que Jean Gottmann a mis du temps à stabiliser le périmètre d’étude de la Megalopolis, souvent décrite comme une réalité organique en voie continuelle de transformation. La photographie lui aurait permis non pas de figercette réalité vivante, mais d’en apprivoiser rles principes organisateurs. Le voir ne serait pas au service d’une pensée classificatrice mais équiperait plutôt le raisonnement géographique pour documenter des genres de vie, des circulations, des formes paysagères pour lesquels l’on n’a pas encore de catégorie faite et qui appellent une inventivité autant méthodologique que conceptuelle (Gottmann, 1947 ; Labussière, 2010). Si une population peut avoir un commun culturel, une iconographie, le savoir géographique pourrait lui aussi procéder dans son effort pour raisonner le divers par la voie iconographique pour ouvrir la science à l’étude de réalités vivantes.
Keywords: Photographie|Megalopolis|Iconographie|Carnet de terrain|Inventivité
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