"Lieux de drague", ou "lieux de rencontres", ils hébergent, au motif d’une sexualité secrète entre hommes, des imaginaires inépuisables, des expériences de fuite du quotidien, des détournements et des rapports sociaux dissidents. Ils piratent les usages et les codes conventionnels, interrogent et dépassent les cloisonnements des identités, des genres et des sexualités. À la lisière du visible et du nommable, on les retrouve par exemple sur des aires de repos, dans des toilettes publiques, sur des parkings ou dans des forêts.
Pour mener à bien cette recherche, des méthodologies singulières sont proposées, au croisement des champs de l’architecture, des études urbaines, des outils de l’anthropologie et des expérimentations plastiques et cartographiques (modélisant les quelques dix-mille lieux référencés). J’ai ainsi, au motif de la préservation de l'anonymat et des imaginaires rencontrés, recours au déguisement, au jeu d’acteur, à la fiction…
Hyperfréquentés et stigmatisés, ces lieux semblent répondre à une libido et à des désirs qui ne peuvent être expérimentés sur le reste du territoire. Deux axes principaux guident cette recherche transdisciplinaire. Le premier s’intéresse aux lieux de drague comme refuges spontanés, exutoires de désirs refoulés, au croisement de différents enjeux théoriques développés par M.Foucault (hétérotopies), G.Bataille (part maudite), G.Simmel (l’urbanité).
Le deuxième axe explore quant à lui les questions de l’habiter, celles des détournements et s’intéresse aux stratégies, tant dans les rapports sociaux que dans les usages ou dans les rapports à l’espace pour que ces lieux existent.
Cette communication propose donc d’opérer une synthèse de ces deux axes autour desquels s’articule ma thèse. Il s'agira ainsi d’entrevoir, par l’exploration des lieux de drague, comment des pratiques sexuelles dissidentes font irruption dans les espaces publics ou domestiqués ?
Keywords: sexualité secrète|expérimentation|détournement|dissidence|imaginaires
A103990AL