Cette présentation s’appuiera sur une enquête qualitative menée dans le cadre de ma thèse de 2015 à 2019 à Phuket (Thaïlande) et dont l'un des objectifs est de questionner avec une perspective intersectionnelle et postcoloniale les pratiques, mobilités touristiques des Français racisés, originaires des quartiers populaires.
Travailler auprès des dominants, n’était pas prévu et s’est imposé du fait des tensions découvertes sur le terrain et les réseaux sociaux entre différents groupes de Français.e.s ainsi que de la stigmatisation subie par ma population d’enquête principale.
Je souhaiterais interroger ici les enjeux méthodologiques et éthiques auxquels j’ai été confrontés à partir de mon expérience de doctorante racisée, française, de classe populaire enquêtant à Phuket auprès de migrants blancs, majoritairement français et appartenant aux classes supérieures.
Afin de comprendre les manières dont mes propriétés sociales ont eu des effets sur cette enquête, je présenterai les éléments de ma positionnalité ayant joué un rôle déterminant dans l’accès au terrain et le déroulement de l’enquête, mais aussi la méthodologie envisagée pour mener cette recherche « imprévue » sur des dominants.
Dans un deuxième temps, il s’agira de montrer de quelles façons les rapports de pouvoir en lien avec la race, la classe, le genre et l’âge ont pu interférer dans le déroulement de l'enquête et les relations aux enquêtés, tout en prêtant attention aux émotions suscitées par ces interactions auprès de ces derniers et moi-même.
Enfin, j’exposerai les différentes façons de composer, jongler avec les stigmates et privilèges sur le terrain, en abordant la question des ressources et des stratégies utilisées, ainsi que leurs limites. Je questionnerai en filigrane les tensions vécues entre la volonté de résister aux dominations, aux violences qui en découlent et la quête d’une pratique d’enquête éthique adaptée aux enjeux rencontrés.
Keywords: migrants Blancs|Phuket|racisation de l'enquêtrice|réflexivité|méthodologie
A103722AO