Les crises actuelles interpellent les scientifiques sur leur contribution aux transitions des sociétés et plus particulièrement sur leur rapport à l’action. En tant que géographes, nous sommes tous amenés à « régler » la distance que nous entretenons avec nos terrains de recherche. Mais qu’en est-il quand sommes déjà engagé.e.s par et pour un terrain, par exemple en y étant élue ? Comment faire de la recherche sur l’objet de son engagement, avec, sur, et pour le groupe social avec qui on est engagé.e, avec, sur et pour le territoire que l’on habite ? Ou plutôt : quelle est la portée de telles recherches et quelles sont les implications éthiques et méthodologiques ? Je réponds à ces questions par une analyse auto-ethnographique de deux expériences comparées (en planification urbaine et de gestion de l’eau) sur un même terrain (la vallée de la Drome), où j’étais conseillère municipale six ans durant. J’identifie trois temps dans mon cheminement : (1) un temps utilitariste et schizophrénique, (2) un temps de tâtonnements et d’épanouissement, (3) un temps de dépassement. Ils sont décrits sous l’angle des défis rencontrés par le frottement des identités d’élue et de chercheure puis des tentatives de résolutions collectives, sur les plans éthique, méthodologique et épistémologique. Ces expériences interrogent et façonnent la géographie j’entends pratiquer dans un contexte d’urgence climatique et écologique.
Keywords: posture|engagement|méthodologie|éthique|transition écologique
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