Emmeline LOBRY, UMR 5319 Passages, Université de Bordeaux-Montaigne, France
Suzanne CATTEAU, UMR 5319 Passages, Université de Bordeaux-Montaigne, France
Nos expériences vécues en contexte pluridisciplinaire et entre recherche fondamentale et action publique nous invitent à réfléchir à notre positionnement épistémologique et à notre engagement en tant que scientifiques. Doctorantes en géographie, nous avons été recrutées par des structures privées spécialisées en sciences naturelles pour spatialiser des enjeux environnementaux à l’aide d’outils de la géographie numérique.
Le formalisme de ces outils impose de conceptualiser la complexité des relations entre « société » et « nature ». Le mythe de cartes neutres et impartiales amène à questionner la place donnée à l'engagement tant des commanditaires que des professionnels les réalisant. Ceux-ci souhaitent souvent que les cartes démontrent à la fois que la situation est critique et urgente afin de pousser à l’action, mais qu’elle n’est pas trop grave pour ne pas être « perdue d’avance ». Mais ne peut-on pas plutôt considérer « qu’une démonstration convaincante emporte l’adhésion sans que son auteur ait besoin de peser sur des décisions » (Laslaz 2017) ? Nous proposons d’analyser les réactions et propos tenus lors de l'élaboration de nos cartes. Notre démarche empirique démontre le caractère subjectif des résultats scientifiques et la nécessité de questionner l’éthique (Lefort 2010). En prêtant attention aux choix méthodologiques et à la mise en récits des modèles, les représentations de nos interlocuteurs quant aux relations entre « sociétés » et « nature » sont révélées et témoignent de leur position, leurs intentionnalités et leurs engagements, notamment dans la formulation du message qu'ils souhaitent transmettre par les cartes.
Face aux changements globaux, l’appétence pour les cartes et indicateurs numériques s'amplifie. Considérer la mise en carte comme un instrument d’analyse et d’expérimentation constitue une originalité de la géographie et nous permet d’interroger « la place qu'il convient de donner aux humains dans la nature » (Mathevet et Godet 2015).
Keywords: SIG|géographie numérique|géographie critique|engagement
A103058SC