Inspirée en partie par Christa Wirth (« The Anthropologist as Deviant Modernizer » _Cold War Social Science_), cette communication sur les itinéraires de la géographie des savoirs compare deux expéditions topographiques (l'Iran en 1905-1908 et la Chine en 1927-1935) dirigées par Sven Hedin. Formé à Berlin et à Halle, ce géographe a passé toute sa carrière à documenter l'évolution du paysage de l'Asie intérieure. Érudit, écrivain et polémiste, il reste attaché à une vision statique du climat et de la culture. Sa familiarité exceptionelle avec le terrain l'amène néanmoins à élaborer une approche interdisciplinaire et collégiale de la reconstruction climatique. Soutenues par un travail méticuleux de documentation, ses découvertes et sa stratégie pour toucher un large public critiquent implicitement la géographie de l'entre-deux-guerres et les propos tenus en Europe sur l'environnement et la société en Asie. Nous pourrions sortir des silences et de l'ambiguité de Hedin par rapport à l'orthodoxie de sa profession pour lancer aujourd'hui une discussion sur de nouvelles méthodes de recherche mieux à même de cartographier l'inconnu, d'impliquer les communautés vulnérables ou marginales, et d'exploiter des données douteuse, incomplètes ou négligées. Les leçons de la stratégie de Hedin peuvent ainsi nous aider à développer une expertise collective en matière de décolonisation, de transdisciplinarité, de coproduction, et du vécu du terrain. Face à la crise climatique, accompagner la transformation de la société à travers de nouveaux modes de production et de transfert de connaissances (forme, fonction et contenu des propositions de valeur) est en effet devenu une priorité.
Keywords: Climate reconstruction|Methodology|Geography of knowledge|Travel literature|Inner Asia
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