Reviewing

Pensé parfois comme une technologie permettant de dépasser voire de rendre obsolète (Virilio, 1997) les frontières politiques, Internet est pourtant un objet éminemment géopolitique, dont les caractéristiques territoriales sont multiples. La cartographie du réseau Internet rencontre néanmoins des difficultés inhérentes à l’objet d’étude. Les données disponibles sont parcellaires, et amènent à se focaliser sur des prismes d’observation spécifiques, infrastructures (Lasserre, 2000) ou réseaux (Yacobi-Keller, 2017). Le transfert à haute vitesse de données numériques d’un point à un autre du globe, principe central d’Internet, constitue par ailleurs un obstacle fondamental à la cartographie du réseau dans son aspect dynamique (Karpf, 2012).

Cette présentation vise à proposer des méthodes pour cartographier cet aspect dynamique sur un cas d’étude enclavé géographiquement comme dans le réseau, l’Asie Centrale. A travers l’analyse simultanée de trois différents niveaux de spatialité réticulaire, nous proposons de montrer ce que l’étude du transit des données peut nous apporter sur la dimension géographique du réseau Internet. La première analyse géographique est celle des infrastructures physiques du réseau. Ensuite, pour appréhender le chemin que prennent réellement les données, Internet doit être considéré comme un espace topologique. L’Internet mondial dans sa fonction de routage des données, est constitué par environ 90 000 sous-réseaux publics ou privés (Fournisseurs d’accès Internet, entreprises, universités, etc.) Ces « systèmes autonomes » (AS), s’interconnectent à d’autres, et créent ainsi les chemins que peuvent emprunter les données numériques, façonnant la topologie d’Internet. Enfin, la géographie d’Internet peut être abordée par la vitesse des données. L’observation du temps nécessaire aux données pour aller d’un point à un autre de l’espace géographique, permet une analyse géographique et géopolitique de l’espace-temps des données numériques.